REAL MADRID — UNE LIGNE DE RUPTURE S’OUVRE AUTOUR DE RODRYGO, ENTRE PERFOMANCES EN BERNE, TENSIONS INTERNES ET PRESSIONS VENUES DU VESTIAIRE
La scène s’est jouée à huis clos, mais son écho a traversé Valdebebas en quelques minutes : une phrase sèche, prononcée par Jude Bellingham dans le vestiaire après le nul tendu contre Girona, a cristallisé tout ce que le Real Madrid tente de dissimuler depuis des semaines. « Je ne peux plus partager une seule minute sur le terrain avec lui. » Le milieu anglais, habituellement mesuré, a lâché cette sentence en visant Rodrygo Goes, encore une fois transparent dans une rencontre où Mbappé et Vinicius ont dû porter seuls le poids offensif.

Le timing n’aurait pas pu être plus explosif. Depuis plusieurs semaines, les performances de Rodrygo plongent. Sur la pelouse de Montilivi, l’attaquant brésilien a offert une nouvelle illustration de son malaise : imprécision technique, manque d’implication dans les phases de pression, et une incapacité récurrente à peser dans la surface. Selon les données du club, il traverse une série de 30 matches sans marquer, la plus longue pour un joueur offensif de l’histoire récente du Real Madrid. Une statistique insoutenable dans un club où l’exigence est structurelle.

Les chiffres racontent une histoire brutale : depuis son dernier but, inscrit le 4 mars contre l’Atlético en Ligue des champions, Rodrygo est devenu un joueur périphérique, sans impact ni progression. L’arrivée de Xabi Alonso l’été dernier avait nourri l’espoir d’une relance. Le technicien basque, admiré pour sa rigueur tactique, voulait en faire un élément clé du trio offensif dynamique qu’il imaginait autour de Mbappé et Vinicius. Mais l’adaptation n’a jamais eu lieu.
Selon des sources internes, Rodrygo se plaint depuis des mois d’un « manque de confiance » de la part d’Alonso, allant jusqu’à affirmer à ses proches qu’il se sent « mis de côté » par l’ancien entraîneur du Bayer Leverkusen. Une plainte récurrente, que certains membres du staff considèrent aujourd’hui comme une excuse pour masquer un « déficit d’engagement évident » sur le terrain.
Le malaise a pris une tournure plus sérieuse lorsque Bellingham, soutenu tacitement par plusieurs cadres, a évoqué publiquement — en interne — un problème de loyauté sportive. « Son esprit est ailleurs, et ça se voit », aurait déclaré l’Anglais selon un membre du staff présent ce soir-là. D’après cette même source, l’idée que Rodrygo pense déjà à un transfert est devenue une certitude dans le vestiaire.
Et les faits semblent lui donner raison. Depuis plusieurs semaines, des informations circulent sur une démarche active de l’agent de Rodrygo, qui aurait entamé discrètement des discussions au Royaume-Uni. Selon les éléments recueillis par Relevo et d’autres médias espagnols, des négociations avancées ont déjà eu lieu avec Liverpool et Manchester City, deux clubs à la recherche d’un attaquant polyvalent. Guardiola suivrait le dossier depuis des mois, mais le mouvement ne serait possible qu’en cas de départ de Savinho vers Tottenham. De son côté, Liverpool verrait en Rodrygo le successeur idéal de Luis Díaz, parti au Bayern cet été.
À Madrid, la situation crispe les dirigeants. Officiellement, personne ne veut précipiter un départ en plein cœur de la saison. Officieusement, plusieurs membres de la direction sportive admettent que « l’environnement autour de Rodrygo est devenu difficile à gérer ». Xabi Alonso, interrogé à demi-mots par la presse, a répondu par un discours neutre : « Je prends mes décisions en fonction de la performance. Rien d’autre. » Une formule qui, pour certains, sonne comme un constat d’échec.
Mais le point le plus sensible n’est pas tactique : il est psychologique. Les leaders du vestiaire — Bellingham, Carvajal, Nacho, et dans une certaine mesure Vinicius — craignent que cette situation devienne un problème d’unité collective. L’équipe sort de trois nuls consécutifs et voit Barcelone repasser devant au classement. Dans ce contexte, un joueur majeur en perte totale de confiance et en possible rupture interne est perçu comme un danger.

Un membre important du groupe confie même : « Rodrygo n’est pas mal intentionné, mais il n’est plus connecté au projet. Et à Madrid, cela se paie. » Les mots sont durs, mais reflètent le climat actuel : celui d’un Real Madrid en équilibre instable.
Pendant ce temps, la direction tente de calmer les tensions. Florentino Pérez, conscient de la portée du dossier, aurait demandé à Xabi Alonso un entretien individuel avec le joueur pour « éclaircir ses intentions ». L’avenir à court terme se jouera là : si Rodrygo confirme sa volonté de partir, le Real pourrait accélérer son départ dès janvier, plutôt que de laisser traîner un dossier devenu inflammable.
Le club, rattrapé par ses contradictions, avance désormais sur un fil. Entre un joueur en crise, un vestiaire agacé, un entraîneur sous pression et une direction en recherche de stabilité, l’affaire Rodrygo devient un révélateur de fragilités plus profondes.
Une seule certitude demeure : si une rupture doit se produire, elle sera totale — et imminente.